Dispositives – création 2024

C’est de l’aventure commune de « Nous impliquer dans ce qui vient » (création 2023) que se trame nos futures réalisations. Durant deux années, nous avons expérimenté la forme spectaculaire, l’immersion artistique dans un quartier, différentes formes d’écriture (récit de vie, manifestes, scénarios), le spectacle en parcours, la marche comme outil de création, l’improvisation, l’idiotie, le corps chorégraphié, le carnaval sauvage, l’élaboration d’une signalétique poétique… Notre petite communauté se cherche sans cesse dans la conversation et se trouve dans la mêlée, dans l’élan du moment du spectacle. Elle a pris ses quartiers dans l’inconfort de l’espace mouvant d’une place publique, pris sa force de ce que nous avons réuni comme matières artistiques, dans le potentiel de l’imprévu et de l’interagir avec la communauté du jour, un public. Avec « Dispositives », nous voulons questionner l’idée de l’imminence d’une fin, l’enfuir dans le terreau qui a nourri « Nous impliquer dans ce qui vient » ; composter la fin, la rendre fertile, porteuse de mots, de gestes, de fêtes. Créer 3 formes pour partager nos jeux, nos outils et nos imaginaires avec le public d’ici, à travers des processus de création in situ, à la rencontre des lieux et des habitants, à l’écoute des structures qui œuvrent sur un territoire.

3 formes: Les « Dispositives » explorent, par des récits et des corps, tout à la fois la fête et la lutte, au cœur de 3 expériences participatives et salvatrices. Ces 3 Dispositives sont à la fois autonomes, liées par une dramaturgie d’ensemble, peuvent se jouer indépendamment ou associées.

Radio [kuakubɛ] et la fête du siècle jouera de la mémoire et de ses interstices fictionnels en dénichant la fête des lieux, ses entités magiques, ses rituels effervescents. La réactivation symbolique de la fête permet de questionner les communs, l’espace public, l’agora et la culture populaire comme terreaux d’émancipation. Qu’aimeriez-vous fêter juste avant la fin du monde, pourquoi et surtout comment ? L’invention d’une tradition fictive insuffle de possibles futurs festifs et subversifs. Ancrer cette création dans un passé à la fois réel et fictif, c’est choisir ses ancêtres, inverser les filiations pour engendrer le présent.
Création d’un protocole de collectage auprès d’un groupe d’habitants pour écrire cette fête fictive du passé. Restitution à travers des espaces publics : balade sonore, colloque, radio, fabrication d’une chimère.

Projet chorégraphique : Plus ou moins disparaître  performera l’urgence d’une prise d’espace et de parole dans la rue, d’une porte à l’autre. Comme une dernière carte à jouer, le corps dessine l’état du moment, déplie l’intérieur du présent. C’est un rituel de transformation de soi et de son regard sur des lieux quotidiens, une secousse de curiosité pour prendre soin des mouvements d’ici.
Création d’un parcours d’improvisation dansé qui travaille sur le mimétisme, l’empathie et la marche. Possible atelier d’écriture avec habitants pour y intégrer un voyage de mots (création de blasons rapportant des histoires personnelles, de slogans sur panneaux jalonnant le parcours).

Cortège Pop et Karaoké Sauvage : « L’after collapse »  proposera des retrouvailles pour célébrer les restes des civilisations déchues sous forme d’un karaoké augmenté de paillettes et de chorégraphies, de chants traditionnels, de paroles historiques et poétiques, de bricolages pop, punks et folks. Pour fêter aussi les grands soirs qui arrivent après le désastre et renaître transformé·e·s.
Création d’un karaoké pour place publique avec un répertoire éclectique. Participation du public. Proposition chorégraphie collective. Travail de transformation costumée. Forme brute et légère avec un dispositif sonore et vidéo mobile (à concevoir).

3 façons d’impliquer des publics, en les invitant pour le premier à participer à des démarches d’écritures, rentrer dans un imaginaire. Dans le second, de se laisser frôler par nos jeux, et le troisième, de s’impliquer physiquement et vocalement.

Processus : Former 3 groupes issus de l’équipe de « Nous impliquer dans ce qui vient », qui réunissent 2 à 4 artistes plus un regard extérieur. Organiser 3 périodes de travail pour chaque « Dispositive » :

1 : créer une proposition in situ durant une semaine avec restitution publique, rencontres et partages de pratiques.
2 : approfondir chaque écriture lors d’une seconde période avec à nouveau une restitution publique.
3 : enfin, dans une troisième époque, confirmer le protocole ou scénario, et restitution publique.

Partenaires : La création de « Dispositives » bénéficie de l’aide à la création de la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée.
Le Cratère, Scène nationale d’Alès accueille en juin 2024, 3 résidences d’une semaine, soit les 3 formes en création avec 3 rendez-vous publics.
Les partenaires : le Rudeboy Crew, la ville d’Anduze et AveC, La Petite Pierre, le Bouillon Cube, Radio Escapades, La Berline, le centre Louis Defond, La Dame d’Angleterre.

RÉSIDENCES 2024

Dispositive #1 – Radio [kuakubɛ] et la fête du siècle
Anaïs Vaillant et Maïa Ricaud avec l’aide de Pierre Pilatte et Julie Lefebvre

Résidences :
– du 27 fev au 2 mars, accueillie par le Rudeboy Crew au théâtre de Bagnols-les-Bains (48). Cliquez ici pour écouter l’émission radio avec 48 FM et les habitants du Bleymard.

– du 1er au 5 avril au centre Louis Defond, association d’accueil aux mineurs isolés au Vigan (30). Cliquez ici pour écouter un podcast de l’émission sur Radio Escapades

– du 3 au 7 juin à la Grand-Combe, accueillie par le Cratère, scène nationale d’Alès et la Berline (30). Cliquez ici pour écouter un podcast de l’émission avec Radio Grille Ouverte.

Dispositive #2 – Plus ou moins disparaître
Aline Fayard, Lisa Guerrero, Clémence Rouzier, Laureline Richard, avec l’aide de Pierre Pilatte.

Résidences
– du 17 au 22 mars, à Anduze, accueillie par la Ville d’Anduze (30) et l’association AVeC, sortie de résidence le jeudi 21

– du 27 au 31 mai, accueillie par La Petite Pierre, Jegun et Auch (32)

– du 23 au 27 juin, accueilli par le Cratère, Ville d’Anduze et l’association AVeC
à Anduze (30).

Dispositive #3 – L’After collapse
Hélène Rocheteau, Chiharu Mamiya, Sophie Borthwick et Mathieu Monnot

Résidences: du 22 au 26 avril, accueillie par le Bouillon Cube à Causse-de-la Selle (34)

– du 2 au 7 juin, accueillie par Monomaniax à Monoblet (30)

– du 24 au 28 juin à Saint-Jean-du-Pin (30), accueillie par le Cratère et la Ville de Saint-Jean-du-Pin.

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Télécharger le dossier Dispositives #1 – Radio [kuakubɛ]

Télécharge le dossier Dispositives #2 – Plus ou moins disparaitre

Télécharge le dossier Dispositives #3 – After Collapse


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Dispositives #2 - Plus ou moins disparaitre

« On voyait dans les rues des marauds cabossés.
Le nez dans les rigoles.
Les policiers riaient.
Épuisés, plein de sang, ils ne savaient plus ni se battre ni faire la paix.
Devant quelques derniers spectacles, des badauds s’arrosaient de lait en silence.
Tout était abruti, malin, perdu.
On dit que c’est alors que commencèrent les années de Compost.
Nul ne dit qui fut la première.
Des graffiti sur les murs brouillent les pistes à dessein.
Ce fut ici une femme clown qui ramassa la dépouille d’un président à perruque.
Après avoir troqué les dents du vilain contre un caméscope, elle filma les aventures du président-marionnette.
Là, une autre femme vola les cassettes pour des enfants sourds.
Il y eut alors les mois de discours avec les mains.
On ne parlait plus, on dansait.
Puis la parole revint au milieu d’une décharge.
Ce fut d’abord un chant, une explosion de confetti souillés.
En se battant avec sa sœur pour un vieux micro-onde tourne-disque, les joues tartinées de ketchup, une femme chanta à pleins poumons.
Et ce fut un cri collectif, c’est ce que l’on raconte, éraillé, hésitant, on n’avait plus parlé depuis longtemps, on ne savait plus comment faire.
Rien ne s’harmonisa.
Rien ne s’harmoniserait plus que dans le désordre.
Des chanteuses s’accroupirent derrière un commissariat et pissant, chantant, elles saoulèrent tant les milices qui sortaient qu’il y eut l’année des feux d’artifices.
Tout s’est éteint aujourd’hui.
On ne voit plus rien, on se touche, on se tient les mains et raconte des histoires. »

Laureline Richard pour « Dispositives »